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Interview Lion King Dub

LKD

L’équipe du Lion King Dub sound system a très gentiment accepté de répondre a quelques questions lors du festival South Bass Attack. Au final une longue discussion au sujet de leurs débuts, de la scène reggae française, ainsi que sur ce que c’est de gérer et de maintenir un sound system,

 

Alors, quand est ce que et comment vous avez commencé votre sound system ?

Charly : En fait c’est parti de 2010, après un Garance en fait. Mathieu, le quatrième du groupe qui est encore au Canada et qui va revenir dans pas longtemps, juste avant la date de Vitrolles – en fait il a fait un Garance, et a pris la grosse baffe sur les sounds systems, notamment sur Blackboard Jungle. Et s’est dit « ouai c’est bon on rentre on va faire un sound. »

Donc c’est assez récent quand même.

Charly: Ouai ce n’est pas très très vieux, c’est 2010 quoi. Fin 2010. Donc on a commencé à construire le sound , on a fait une première version de la sono, et ensuite nos compères Manu et Antoine nous ont rejoint peu de temps après, et puis là on a construit la deuxième version.

Et selon vous, qu’est ce qui fait, ou qui contribue à l’identité d’un sound system

Antoine : déjà il y a le grain de la sono, comment elle va sonner. Le style musical que tu vas jouer – si tu vas être plus roots, digital, UK… très moderne style OBF, plus roots style Blackboard. Après ça va dépendre de si t’as des MCs. Les selectors aussi font l’identité, l’image.

Manu : ouai, il y a une part de sélection, il y a une part de sono aussi. Parce que suivant ce que l’on va jouer en vinyle et en dubplate, on aime que la sono elle sonne d’une certaine manière. On a des tunes qu’on ne va pas jouer sur la sono, il y a d’autres tunes qu’on va favoriser parque qu’elles sonnent mieux dessus.

Et puis on est 4 séléctors dans le sound system. En France c’est pas courant d’avoir autant de selectors, du coup on se concerte, on regarde un peu les tunes qui nous plaisent dans les boxs, celles qu’on vient d’acheter, les dubplates qu’on vient d’acquérir tous les quatre… et on essaye un peu de se coordonner et de créer une identité complète. Avec 4 selectors c’est pas facile, mais au fil des ans on y arrive de mieux en mieux et on arrive à proposer quelque chose de propre, et qui ressemble à du Lion King Dub quand on joue. Nous ce qu’on veut c’est que les gens qui ne soient pas forcément devant le mur, qui sont à peu à l’extérieur du sound, arrivent et se disent « tiens, la d’après ce que j’entends c’est les Lion King Dub ». D’après le son de la sono, d’après leurs sélections… et après on reconnait aussi les voix au micro. Donc voilà, je pense que c’est un tout le sound system, c’est les MC, le son, et surtout le son qui supporte les vinyles.

Charly : et une complémentarité aussi je pense. Par rapport à notre cas ou on est quatre, on va avoir des sélections du Lion King Dub en unité, mais on va aussi avoir chacun des petites préférences de style. Et c’est vrai que nous quatre réunis ça fait un peu l’arc en ciel, t’as vraiment une couleur pour chacun.

Antoine : c’est vrai qu’au final il y a Charlie et Mat qui sont, pas pour caricaturer, mais qui sont plus dans le Aba Shanti style, tu vois, vraiment sound system traditionnel UK au niveau des basslines et tout. Et après avec Manu parfois on tend plus vers des trucs assez moderne, un peu plus électronique.

Manu : on essaye de jongler avec tout ça, et de proposer aux massives tout ce qui est frais, récent, et dans différents styles. Alors on va jouer du roots, on va jouer du digi-roots,  du dubwise. Alors comme il dit Antoine, il y a des dubwise qui sont un peu plus rootical que d’autres. Et ensuite, on voit que les massives ils réagissent devant la sono, donc là on va passer des sonorités un peu plus modernes,  qui jouent sur les basses, les basses un peu plus wobble. Et le tout ça crée une sélection, et on essaye que ça soit cohérent. Et je pense que c’est un pari réussi, on y arrive de plus en plus, et du coup on se fait plaisir.

Ce n’était pas simple au début d’avoir quatre selectors, parce que chacun voulait jouer ces sélections, et des fois c’était un petit peu contraire à celle d’avant et à celle d’après. Mais aujourd’hui je pense que quand on passe la main au séléctor d’après, on lui sourit parce qu’on arrive à s’aligner.

Et puis souvent j’ai remarqué que dans les sounds ou ils y a plusieurs selectas, ça rajoute une ambiance, de voir l’échange

Charly : Bin disons que pour un selector, tu as plusieurs sentiments. Tu as le sentiment de te dire « putain celle-là je l’ai écouté chez moi, elle me fait ressentir des choses, j’aimerais voir si les gens sentent la même chose, reçoivent le même message ».
Et c’est vrai que même si des fois tu as une tune que t’aime bien, tu te retournes vers le groupe pour voir avec eux, et là ils te font « ouai ouai là c’est le moment où il faut la passer, c’est maintenant ».
Et pourtant ce n’est pas forcement la tune que le bro va avoir dans ses favoris, mais il sait que c’est la carte à jouer maintenant, c’est maintenant qu’il faut la passer.

Ça revient du coup à la question de reconnaitre, lire la vibes, comment reconnaitre le moment vraiment spécial.

Charly : Après c’est une vibes qui est bizarre, parce que des fois tu as envie de la jouer cette tune, et sur deux soirées différentes, tu peux la même à la même heure, même moment, il y aura à peu près le même nombre de gens, ça va pas forcément réagir pareil.
Donc ouai, il faut essayer de capter l’attention des massives, et voir si ça va capter.

C’est un peu un dialogue au final.

Antoine : et d’autant plus que nous on anime, mais on ne va pas chanter, on ne va pas toaster, on n’est pas des chanteurs donc d’autant plus qu’on va inviter des gens.

Manu : C’est pour ça qu’on est amené souvent à inviter des MCs qui viennent d’ailleurs, on prend contact avec eux parce que c’est des brothers a nous, et on les appels, et on fait « man, on va jouer à tel endroit et il nous faut un MC, parce que c’est une grosse date », et à ce moment-là il fait son aller-retour. On travaille beaucoup avec les frangins du coin, du sud-est de la France – donc dès qu’on a des opportunités de faire travailler des MC locaux, on le fait. On a travaillé pas mal au début avec Ras Mykha, un chanteur parisien qui nous a suivis sur deux-trois dates, notamment les toutes premières de la Lion King Dub avec la sono rouge. Bon malheureusement c’est un frangin qui habite dans le nord, donc suivant les moyens qu’on a on n’a pas souvent l’occasion de l’inviter, mais on pense à lui et il pense à nous je pense (rires)
Et sinon, bin notamment pour Vitrolles, on a pris contact avec Hugo de Roots Powa Sound System, qui est aussi au festival South Bass Attack. Tonton Charly a pris contact, il nous a dit « bon écoutez, je voie bien Hugo sur nos versions pour le 9 aout, ça nous apporterait un petit plus sur la sono ». Plus que de l’animation simple au micro, mais du chant. Et puis on connait Hugo et il a un réel talent au micro, et du coup sur cette date on va travailler avec lui.

Et les MC sont plutôt rares, donc on fait des recherches sur internet, on regarde des vidéo sur YouTube, des sessions live, on voit quel chanteur est avec quel sound dans le sud est – on dit “ah tiens lui c’est pas mal, on va prendre contact avec lui”. Et on se bouge dans les danses, on va prendre contact avec les MCs. Mais on essaye de travailler avec des breddrins qu’on connait un maximum.

Charly : et les sistas quand il y en a. Comme là il y a sista Daba. Elle est passée sur le Garance, elle a passé une tune avec les blackboard et ça a vraiment mis le feu.
Elle a sorti un vinyle avec Amoul Bayi – qui est un label de Marseille, big up a Fabyah d’ailleurs. Et ouai, c’est bien. Comme hier soir quand il y a eu deux sista qui ont pris le micro, et qui assurent vraiment, les voix féminines c’est bien aussi. Ça change, ça remet du frais… Après, elles ne sont pas assez nombreuses.

Après il y a quand même une différence entre faire de l’animation, et vraiment chanter et être MC.

Antoine : vu qu’on n’a pas de MC avec nous et qu’on n’est pas forcément bon dans le chant et tout, on se doit d’autant plus d’avoir des tunes qui sont fortes aussi dans le message ou dans la vibes pour la partager, parce qu’on n’a pas forcément le micro pour s’exprimer vraiment.

Manu : et ça me fait penser que hier soir, sur deux-trois versions qui suivaient les vocaux on a demandé à Sébastien qui fait partie du sound system Natural Bashy, qui prend le micro plus aisément que nous on va dire. Donc il était à coté de nous et on lui a dit « seb, prête nous main forte, viens sur les versions », et il a toasté deux trois lyrics dessus, et ça fait bien plaisir. Ça apporte quelque chose en plus. Tu joues le vocal avec des lyrics, avec un message et tout ça. Et suite à ça tu joues la version, c’est dans la tradition des sounds systems – et s’il y a des MCs dans le coin, tu les appelle au micro, tu fais un petit clin d’œil. Les mans ils viennent, ils prennent la version, et ça rajoute de la pèche dans la danse.

C’est vrai. Et je sais quand j’ai vu les danse en Angleterre, en France on dirait qu’il y a plus, peut-être pas collaboration, mais d’échange, de partage.

Antoine : c’est vrai que même les mans comme Dubkasm, Murray man ils nous disent qu’aujourd’hui on a rien à leur envier, c’est chez nous que ça se passe. Et puis il y a un délire beaucoup moins clash. C’est plus centré sur l’unité, les rencontres, meetings… la plupart des flyers tu ne vois pas « clash » dessus, tu vois « meeting ».

Manu : et puis dans le milieu des sounds systems « à l’anglaise », quand on dit ‘versus’ ou ‘clash’ ça reste quand même bon enfant. Mais c’est revenu il y a quelques années ça en Angleterre, où tu peux voir des ‘King Earthquake clash with Iration Steppas’. Mais c’est très cool, c’est des breddrins qui se voient aux platines et qui se montent la pression à coup de dubplates et à coup d’ampli.

Antoine : mais c’est vrai que cette vibes, comme tu dis un peu plus dans l’unité et tout, je pense que  ça se ressent surtout dans le public, et tu vois qu’il y a très peu de violence dans ces évènements, il y a très peu de débordements, c’est toujours dans la bonne humeur, il n’y a pas trop de vols…  Je veux dire hier soir on nous a ramené un porte-monnaie, un téléphone…

Mais ça c’est due au message non ?

Manu : bien sûr ! À partir ou tu moment où tu joues un message d’amour et d’unité… enfin le jour on nous invite en disant « bon les Lion King Dub, on veut se clasher avec vous », on refuserait de suite. Pour nous ce n’est pas possible. On est là pour partager, leurs faire des gros big up au micro… on est loin de les siffler, même si ça reste dans un délire au second degré, ce n’est pas notre truc.

Charly: c’est à l’opposé de notre message quoi

Manu : on préfère faire des « untel in unity with untel » plutôt que « untel versus untel ». Même si le versus ne veux plus dire grand-chose, c’est juste pour que les massives ils se disent « tiens il va y avoir un peu de compétition ce soir, ça risque d’être un peu excitant ».

Antoine : et puis c’est vraiment pour tout quoi, c’est vraiment de A à Z. Nous par exemple on arrive, il y avait des mans donc il y en a quelques-uns qui nous ont aidé à décharger la sono, Hugo il est arrivé plus tard, donc ils sont tous allés l’aider parce qu’il arrivait tard pour vite qu’il monte sa sono…

Charly : voilà, c’est l’unité et le partage, et des fois t’a vraiment des surprises. On a fait une date à Néoules, où on était avec Solo Banton, Stand High, Soom t, et on  a eu la grande surprise en jouant la tune de Daba. Et en fait, dans le public il y avait Ganja Tree, qui est venu jusqu’au stand, et puis il a pris le micro et il a fait sa version quoi.
Donc voilà, là tu restes un sur le cul. On ne savait pas qu’il était dans le coin forcément. Et ça fait une belle surprise quoi, un beau cadeau autant pour nous que pour le public.

Antoine : de toute manière on ne fait pas ça pour l’argent. Ca ce sait dans le milieu. On n’est pas là pour gagner des sous, on a tous nos jobs a côté, nos vies a côté.

Charly : des fois même on mange beaucoup de pâtes [rires], pour pouvoir justement assurer notre petit plaisir partagé.

C’est vrai que c’est une passion au final

Antoine : c’est ça, c’est une passion. Parce qu’on fait des bornes, des fois on fait des bornes pour peu. Le temps, si tu calcule, pour aller de A à Z, montage de sono, démontage…Le temps de logistique pour le temps de jeu il est énorme.

Manu : Bin tu réfléchis que sur un festival comme celui où l’on est depuis deux jours. Si tu calcule 7 sounds systems, chaque sono ou chaque selector va jouer en tout et pour tout 25 minutes/ 30 minutes sur deux jours. C’est vraiment l’exemple pour dire qu’on ne vient pas que pour nous – ce n’est pas que Lion King Dub. On sait qu’on va louer un camion, on va passer du temps à charger la sono, à faire 3h30 de route, on va installer la sono sur place, on va jouer – très peu de temps, parce qu’il y a beaucoup de sounds, et qu’on partage le temps – ensuite tu remballe le sound, tu remontes dans le camion, tu reviens à la maison, tu décharge à la maison… et tu vas te coucher et le lendemain tu bosse.
Des fois c’est très peu de temps de sélection pour beaucoup d’heures d’organisation.

Charly : mais d’un côté tu te mets à la place du massive. Tu regardes le festival où on est qu’a organisé Bass Explorer, c’est énorme. Pour un prix super dérisoire [ 15 euros], tu peux avoir 48h de son non-stop, et surtout, et c’est ça qui est énorme, c’est que tu peux avoir un échantillon de chaque sound diffèrent. Et là on revient à la sonorité, à la vibes que chaque sound va avoir – ils vont chacun avoir leurs préférences. Et ce qui est bien c’est que tout le monde sera content, et pendant 48h chacun va avoir un petit échantillon. Et logiquement, bin tu ne joues peut être qu’une demi-heure, mais tu joues les tunes les plus fraiches

Manu : celles qui définissent le sound

Charly : voilà celles qui définissent notre son. Bon je ne vais pas dire qu’on passe des tunes pour faire passer le temps, mais la t’essayes vraiment de faire le nectar.

Manu : et puis des fois c’est un peu de l’expérience. On a une radio tous les mardi soir depuis deux ans. Et on joue des tunes à la radio, des tunes qu’on peut retrouver également quand on les joue en live. Et des fois c’est un peu une expérience parce qu’on se dit ‘tiens celle-là on l’a jamais joué sur la sono’, on va la tester et on va voir la réaction que ça donne. Et donc des fois c’est aussi être sûr de soi, connaitre ses morceaux – et des fois c’est jouer un nouveau truc, prendre un risque, jouer cette tune-là qui est un peu différente de toutes les autre auparavant et voir si ça fonctionne. Alors soi il y a une étincelle dans les yeux et les gens ils adorent et on la remet depuis le début ; et des fois on voit que les massives, bin ils sont allé acheter une bière à coté parce que on était plus dans le même bain.

Charly : c’est vrai, c’est super difficile – juste un petit aparté personnelle – les sélections des sets, depuis 2006 – j’en ai fait avec un autre sound avant, c’est vrai que j’avais la fâcheuse tendance de tout organiser. De dire je vais passer cette tune en premier, puis celle-là, celle là… A la limite mettre un CD ça aurait presque été pareil, parce que je les pré programmaient et j’imposais au massives le programme. Et c’est qu’après avec l’expérience, t’essaye de te pas tout prendre – comme si tu faisais un peu la cuisine et t’avais plein de légumes, peut être tu ne vas pas tout prendre mais tu mets un peu de si, un peu de ça. Et peut-être prendre un petit peu plus au départ, prendre un éventail, et puis aviser au moment.

Manu : l’avantage d’être quatre membres dans le crew c’est qu’on apprend énormément de ses copains. Moi depuis que je suis rentré dans Lion King Dub, je faisais du son avant, on faisait tous du son avant, et du coup entre nous on s’est appris énormément de choses.
Moi notamment dans le technique du sound, avec Matthieu qui est fort dans la construction, Tonton Charly dans l’électronique et tout ça. J’ai appris de la sélection avec Antoine.. Je crois qu’on a tous appris les uns des autres, et aujourd’hui, plus on avance dans le temps tous les quatre avec la sono, et plus on acquiert de l’expérience.
Et je remercie mes trois frangins du Lion King Dub d’être toujours présent, parce que tous les jours j’apprends avec eux. Alors des fois je fais la gueule sur un truc parce que je refuse de l’entendre, mais au final je vois que ça m’apporte un putain de plus dans le future.

C’est vraiment dans l’échange

Manu : ouai c’est vraiment dans l’échange

Charly : il y a moins d’individualisme qu’avec un DJ qui a préparé son set, par exemple les mecs qui vont préparer tout leur set. Et c’est vrai qu’il faut amener de la surprise, mais aussi du contentement. Il faut jongler entre toutes ces vibes.

Et le coté home-made, qu’est-ce que ça vous apporte ?

Charly : bin comme on a dit, ce qui est bien dans le sound system c’est qu’on a vraiment tous nos points forts. Par exemple moi au niveau culture musicale, je connais que dalle (rire). Après je ne sais pas si c’est bien de dire ça en tant que selecta, mais j’aime vraiment la tune que quand je l’entends. Par contre à l’inverse j’ai un côté très bricoleur – pour moi c’est une solution, un truc à trouver, un truc à réajuster…  A côté tu as Manu par exemple qui va être une bible vivante, il va te dire le mec il a enregistré ça, c’était un jeudi soir, quelle année… Antoine il va ramener la fraîcheur par exemple. Bon c’est un peu bête a dire, je suis le plus vieux du sound, mais il va ramener cette fraîcheur quand moi par exemple je vais être un peu plus orthodoxe. Et moi aussi ça me fait du bien, j’apprends de ça et ça me permet de m’ouvrir aussi.

C’est toujours un esprit de groupe. On a commencé a vraiment trouver ce feeling. C’est un peu ce que disait aussi Manu tout à l’heure, c’est un peu ce qui nous a été dit gentiment – une critique n’est jamais négative, elle est constructive. Et c’est d’autres sound qui sont arrivés, qui nous ont dit « franchement les gars, nickel votre sélection, par contre c’est brouillon – vous passez un roots, derrière il y en a un qui va passer un dub énérvé ». Et parce que peut-être qu’au début chacun voulait se faire plaisir individuellement, et en fait on a compris au bout d’un moment que c’est dans l’unité. Le mec ou la fille qui vient écouter Lion King Dub, ils vont écouter un ensemble.

Antoine : Ouai, pour revenir sur le home-made. Mat et Charlie qui sont très bricoleurs. C’est vraiment Mat qui a tout réfléchit, qui s’est renseigné sur la sono – et après nous derrière on était là pour couper le bois, pour coller. On apporte chacun notre truc. Mais c’est vrai que le coté home-made, c’est ta sono à toi, tu l’as faite de tes mains.

Charly : Après c’est un peu comme l’arc en ciel des compétences, qui rejoins un peu l’arc en ciel des émotions quand tu joues, et la fluidité entre les deux. Je pense que maintenant on est arrivé à une fluidité instinctive. Par exemple si on a des petits trucs d’une demi-heure, par exemple hier soir on s’est dit « bon là on est trois, il y en a deux qui jouent un petit quart d’heure chacun ». Si on commence à prendre 10 minutes chacun après on commence à revenir dans le trip où chacun essaye de jouer sa tune à lui.

Manu : et puis ce qu’on essaye de faire aujourd’hui, si on sait qu’on a une danse prochainement, et bien on favorise deux selectors sur le timing cette fois-ci, et puis deux selectors sur la prochaine. Parce que c’est vrai qu’aujourd’hui, on aime jouer en unité avec énormément de sounds, du coup on accepte aussi le fait qu’on ne va pas jouer longtemps. Comme dis tonton, on ne va pas proposer aux massives quatre selectors sur 30 minutes. Même si on essaye de rendre ça évident, à un moment ils vont être complètement perdu. Mais des fois quand on a un peu plus de temps on se regarde tous les quatre est on se dit bon là on va jouer une tune chacun, et puis ça n’empêche pas non plus la cohérence dans le son

Charly : exactement. Par exemple ce matin on a fait une tune chacun, et c’est bien passé, mais c’est une autre ambiance. Si on avait eu une heure hier soir, ça aurait peut être été différent. On aurait peut-être fait un quart d’heure chacun, histoire d’enchainer au moins deux-trois vinyles chacun.

Antoine : Je pense aussi qu’on a la chance d’avoir la radio aussi, parce qu’on joue et on s’exprime tous les mardi soirs.

Manu : et les bars dans lesquels on joue également. Parce qu’à l’heure actuelle, on ne peut pas sortir la sono tous les weekends, c’est une réalité.

Parce que vous êtes basé où exactement ?

Manu : on est à Toulon, la Seyne-sur-mer.

Antoine : Six-Fours, dans le var quoi

A oui parce que j’avais vu que pour la fête de la musique vous avez fait la session sur la plage à Six-Fours

Manu : Ouai on a joué sur la plage de Six-Fours. Ça fait deux ans qu’on a ce coin, et c’est un de nos meilleurs endroit je crois.

Charly : et par rapport à ça, je rebondit sur la fête de la musique. Une date de fête de la musique, c’est pas une date comme les autres, c’est pas une date comme ces 48h de festival, ou une date avec Musical Riot. C’est une date où tu vas plus faire découvrir aux gens, donc peut-être pas forcément partir sur des choses super pointues, énervés ou très fraiches, parce que les gens seront complètement perdu.

Il faut savoir – sans se mettre en avant – qu’on est le seul sound system à jouer à l’anglaise dans le Var, avec un sound system. Tu vas avoir des villes comme Montpellier où il va y avoir 10 sound system, mais attention, des sounds systems de qualité, comme Salomon Heritage, Jah militant, à qui on fait un gros big up. Se sont vraiment de très gros activistes, et qui sont seuls surtout – ils ont des boxmen, mais ils sont seuls a gérer toutes leurs soirées, et ça c’est chapeau.

Et comme je reviens à la fête de la musique, là on va plus faire découvrir aux gens. Et c’est vrai que, vite fait on va avoir le reggae Jamaïcain et l’identité qui viens de l’Angleterre. Nous on a fait le choix de l’Angleterre parce que ça nous parle plus, émotionnellement parlant. Slackness et tous les trucs comme ça ce n’est pas pour nous. Après respect à tous ceux qui font leur truc, mais il y a des paroles et des lyrics que je ne peux pas accepter.

Et ça, ça fait partie de l’identité du sound

Charly : tout à fait. Et en revenant sur cette date, ce qui était bien c’est que tu avais des petit de deux ans – bien sur un peu écarté du son – et ça allait jusqu’à 70 ans. Et c’est là que tu capte en fait, tu n’imposes pas ta musique, tu capte les gens. Et alors là où c’est vraiment marrant, c’est quand tu as des personnes qui ont 60-65 ans, ils viennent vers toi et te disent « mais c’est des vinyles que vous jouez ? ». Et pour eux c’est un petit peu leur jeunesse.

Maintenant c’est vrai qu’il y a plein de formats – bon on essaye de jouer 100% vinyle mais quand tu passes des dubplates, on va pas faire tout presser non plus, on a pas des budgets de folie. Mais voilà on essaye de jouer un maximum en vinyle.

Antoine : Et après il y a aussi le fait qu’à la fête de la musique, les gens il voyaient cette sono rouge, énorme, qui vibre, et c’est là qu’il comprennent ce que c’est que la culture sound system.

Manu : et surtout c’est le seul moment dans l’année où on joue chez nous. Parce qu’aujourd’hui il est très difficile sur l’aire Toulonaise. Aujourd’hui il y a énormément de salle alors soit qui ont leur propre systeme de sonorisation, qui leur ont couté très cher, et quand nous on arrive avec un projet de faire une danse, ils nous disent pas de soucis. Mais quand on leur montre des photos et qu’ils voient la sono, une grosse sono rouge, ils nous disent « oubliez la sono les gars – on a mis je ne sais pas combien dans les satellites, les subs et tout ça, on a tout ce qu’il faut pour vous insonoriser, vous venez juste avec deus platines ».

Du coup on a toujours cet espèce de mur en face de nous. Nous on est un sound system, donc quand on veut jouer sans sono on va dans les bars. Si on va à l’encontre des salles, c’est parce qu’on a une sono artisanale à sortir, on a envie de jouer dessus parce que le reggae s’écoute de cette manière. Du coup on a ce mur de gens qui disent « non désolé, on accueille pas sono parce que ça fait trop de bruit, soit parce qu’on veut rentabiliser notre systeme de son à nous ».

Ca et aussi beaucoup de salles ferment très tôt à Toulon – c’est minuit ou 1h du matin. Aujourd’hui tous les massives sont concentré la plupart du temps sur Marseille/Aix en Provence, donc pour les faire venir en voiture sur Toulon, ils font 1h à 1h30 de route, et si la soirée finit à minuit/1h du matin et que les mecs ils ont fini de bouffer ou de faire l’apéro vers 11h, ils comptent sur un 5h – 6h du matin. Minuit ou 1h du matin, les mecs ils restent chez eux. Donc aujourd’hui on cherche des salles qui nous accueillent avec un sound system et qui puissent nous faire terminer au maximum 5h, au minimum 3h du matin.

On continue de chercher et en attendant on se fait inviter. Mais on a l’opportunité d’être de bons amis avec pas mal de sounds dans le sud-est de la France – notamment tous ceux qui sont là ce weekend. Donc eux nous ont invités pas mal de fois, et on travaille dur pour leur rendre la faveur et les inviter un de ces quatre, d’avoir nos propres danses sur Toulon avec un thème, des soirées trimestrielles… Mais aujourd’hui ce n’est pas simple à Toulon.

Mais ça c’est au niveau des salles; Les massives ils sont là. Quand on va a des concerts de reggae, dans des grosse salles de concerts, les salles sont pleines – on le voie ça à l’Omega Zenith à Toulon, quand il y a des concerts roots, il y a énormément de personnes qui adorent le roots. Mais qui ne connaissent pas forcément le délire sound system. Pour eux c’est simplement poser deux platines dans un bar avec un MC.  Le sound system c’est un tout – c’est les séléctors, c’est des colonnes de son…

C’est vrai que le sound system c’est une autre manière d’apprécier la musique

Antoine : voila, c’est de la vivre.

Charly : le coté anglais, par rapport au côté Jamaïcain, est très peu connu. C’est pour ça qu’avec des fêtes de la musique on va peut-être faire découvrir à des gens. Et au delà de ça, on essaye à la radio de développer ça et de le faire entendre.
Malheureusement tu ne peux pas tendre un plat a quelqu’un et dire « vas-y mange », il va gouter avant. Et bin en fait les gens goutent avec la radio et des petites choses comme ça, et après ils viendront festoyer avec nous.

Un autre truc qui intrigue – là ça va faire 5-7 ans que le reggae en France, la scène sound system commence à vraiment grandir.

Manu : vraiment, c’est grâce à Musical Riot en France, qui a énormément développé la scène sound system. Moi j’ai découvert les sounds systems en revenant de l’océan indien en 2003-2004, je me suis de-suite rapproché de ces soirée-là, parce que j’ai découvert le sound system avec King Shiloh.
En France, c’était au début des année 2000 – Shaka et Aba Shanti sont descendu à Paris fin ’90, début des années 2000, donc c’était encore dans le nord de la France. Et dans le sud,  ça a commencé vraiment en 2000-2001 avec Musical Riot qui organisait des soirées avec des sonos. Et là on allait voir ça quand on était youth

Antoine : ouai, King Shiloh cette danse au bois de l’aune, on était tous jeune. Moi c’est cette  danse qui m’a fait dire « putain, un jour aussi j’aurais un sound system ».

Charly : le pire de tout, c’est que toutes les personnes qui sont présentes à ce festival, ont tous quasiment découverts le sound system ce soir là – par exemple Anne Luminy, qui est une grosse activiste dans la scène du sud, qui était à l’origine des University of Dub à Luminy, et qui étaient vraiment  des évènements énormes. Et ce qui est marrant c’est qu’on était tous présent à cette soirée là – et on ne se connaissait pas à l’époque.

Manu : c’était en 2004, King Shiloh à la salle du bois de l’aune.

Charly : on n’avait jamais vu ça avant, tu te prends une claque.

Antoine : donc à partir de là, ça a fait ça pour pas mal de monde. Tu prends cette claque de basse, c’est des bonnes vibes, c’est du reggae, mais c’est un peu électronique aujourd’hui –  donc ça touche plus en plus de public… Il y a une bonne ambiance, les gens l’apprécient – et c’est pour ça que ça monte en flèche. Et tout le monde voit qu’au final c’est réalisable de monter une sono, et de gérer une sono.

Manu : surtout tu as énormément d’aide aujourd’hui pour monter une sono. A l’époque si tu voulais monter une sono même au début des années 2000, il fallait prendre son mètre, aller dans les danses et mesurer les boxs comme ça. Il fallait vraiment aller dans les danses au poser des questions au opérateurs pour pouvoir monter une sono complète.
Et aujourd’hui tu peux aller sur google, taper ‘monter un sound system’ et t’as des forums.

Antoine : c’est vrai, c’est indéniable que le net a contribué à cette montée.

Charly : sur l’aide, on a deux grosses expériences. La première est quand Mat avait commencé à commander le pré-amp. Et quand il l’a reçu, il l’a mis sur sa page facebook, et le grand frère Steph’ de Lion Roots  – à qui on fait un gros big up – quand il a vu l’image il nous a dit de venir tester le pré-amp sur sa sono. Il nous connaissait ni d‘Eve ni d’Adam, et puis c’est quand même un grand frère qui est là depuis plus de 15 ans dans la partie, donc quand il nous a dit ça, c’etait énorme quoi !
Et il y avait une date juste après à Montpellier, et on est monté là-bas et on a eu la chance de croiser Channel One. Et pareil, ce petit regard de Channel One qui rentre dans la salle avant la soirée. Nous était des petits jeunes qui arrivaient avec notre pré-amp, Steph avait fini tout son check up, son branchement, et il nous a dit de le tester. Il y avait de la curiosité de son côté parce que nous c’était un Jored et lui il utilise un Irad Processor.  Et t’a Channel One qui rentre, ils viennent te checker, et ils te disent « alors les youths ça va commencer ? Vous allez envoyer ? ».
Et c’est fou ces petits passage dans ta vie. On n’a pas parlé pendant des heures, mais tu sentais quand même que la vibes passait.

Pareil avec notre bredda JB, ex-membre des Jumping Lion qui nous a énormément aidés. On a commencé le sound avec Mat, on avait les pré-amps et tout ce qu’il fallait, mais on était le genre « bon comment on branche en fait ». Et une des premières soirées, grâce à Anne Luminy, on a eu l’occasion d’aller sur une des date de dub station avec les OBF. On les a questionné et pareil, les frangins super cool, ils ne se prennent pas la tête – ils nous disent « on n’est pas ingé son, on a appris ça sur le tas ».

Et ce JB ils nous a fait des prototypes de caissons, qu’on était les seuls à avoir – et dans le partage, dans tout ça tu vois, le truc t’as JB qui viens nous voir dans une soirée il nous demande si on est content avec, et il vient humblement te voir et te dire « au fait, ça te dérange pas si les plans je les passe à un autre brother ? ». Et bien sûr que non, c’est tes plans !

Et justement, le fait que tout le monde commence amateur, c’est fait par passion et que ce n’est pas vraiment professionnel c’est peut-être pourquoi il y a tant de solidarité.

Charly : tout à fait. Tout le monde se tire vers haut.

Antoine : c’est très ouvert, très accessible. Je pense que c’est peut-être pour ça que ça évolue aussi en France. Parce qu’un minot s’il est curieux, il peut accéder facilement à certain artistes, que ça soit amateur comme nous ou un peux plus grand, ils vont te parler facilement et t’expliquer deux trois trucs si tu demandes…

C’est ça aussi l’autre principe du sound system, tu peux vraiment discuter avec les gens contrairement au live où il y a une séparation

Manu : ouai parce qu’on est au même niveau que les massives, on n’est pas comme un groupe traditionnel. On ne monte pas sur une scène à deux mètre de haut des massives, avec des grosse barrières de sécurité, et où pour nous parler il faudrait utiliser Facebook. Non, on est au même niveau que les massives. On met des barrières sécurité attention, parce qu’aujourd’hui à trois heure du matin les mecs ils sont un peu plus chaud qu’à 8h du soir. Et ils sont tellement excités par les sons que des fois il y a des mouvements et tout ça. Mais on reste à proximité des mans qui nous écoutent pour pouvoir partager un sourire, un regard, quelques paroles. Si t’as des questions à poser, ou même nous si on veut te demander si t’a kiffé la sono. On va toujours demander aux massives s’ils ont aimé.

Donc toujours le sound system au même niveau que les massives, on ne se met pas au-dessus, je ne vois pas pourquoi on ferait ça.

Charly : et surtout ce qui est bon, c’est un bro qui va venir te voir et te dire « bon franchement ta sélection nickel, mais par contre fait gaffe au niveau des aigues » ou « fait gaffe avec ton niveau de micro »… et c’est bien parce que ça ne vas pas être de la critique négative, peut être tu n’y as pas pensé. Je pense que tu as aussi beaucoup d’émotions qui se mêlent à ça. T’as le fait de dire ‘moi j’ai écouté ça, ça m’a fait tripper, est ce que vous ça vas vous faire tripper’. Et t’as aussi le fait de gérer ton son, et t’aimerait que ça claque au bon volume, sans saturation, et ça c’est une autre technique. Et il faut que tu jongle avec ces deux émotions. Un truc qui va être plus technique et rationnel, et la tune qui est plus émotionnelle.

Antoine : Pour revenir à la question pourquoi ça l’expansion en France, je pense que sur le plan social aussi il y a une baisse de la teuf. Donc je pense qu’il  a beaucoup de teuffeurs qui se rapprochent de la culture sound system. Le fait qu’il y ait un gros volume sonore, sans l’illégalité.

Manu : ils récupèrent ce qu’ils aiment et ils laissent derrière eux ce qu’ils n’aimaient pas en teuf. Je pense. J’ai fait de la free party pendant quelques années, de 16 à 19 ans, entre les caraïbes et l’océan indien. Et quand je suis rentré en France, j’ai voulu en faire une aussi, et je me suis rendu compte que c’était pas du tout le même délire. Et j’aimais en parelle le reggae, et du coup je suis allé en sound system et je me suis dit que c’était la même chose, sauf que…  c’était plus serein, il y a plus de love, c’est moins glauque.

Charly : une question qui m’a déjà était pose par une personne qui ne connaissait pas forcément la scène, et ça c’est très fort dans l’esprit français, c’était « comment est-ce qu’il faut danser dans une de tes soirées ? »… Tu danse comme  tu veux. C’est ça le truc, on met tout à plat, on est tous pareil, il n’y a pas de honte.

Antoine : voilà tu ne regardes pas l’autre, tu es la pour toi au final.

Charly : et même si tu croise l’autre, tu vas croiser un regard, un sourire. C’est ce qui se passe très souvent. Et c’est là que je disais qu’il y avait vraiment une différence entre une session d’une soirée et une session de festival. Parce que le lendemain matin tu vas peut être recroiser la personne à qui tu as souri dans la soirée, et tu peux aller discuter… En plus tu n’as pas à te prendre la tête quand tu dois reprendre la voiture ou quoi. Alors qu’en festival tu n’as pas cette pression, et tu vois cette ambiance.

Antoine : et puis il y a tout ce côté aussi, avec le message de partage, d’unité, de respect, qui se perd peut être un peu dans les valeurs d’aujourd’hui. Il y a de plus en plus d’individualisme dans la vie de tous les jours, tous les débats politique, les infos, tout ça. Ce n’est pas terrible.

Bin justement, est ce que vous pensez qu’il y a toujours un aspect politique dans la scène sound system d’aujourd’hui ?

Charly : je pense que si. Bon après je vais être le fervent défenseur du bio. On a une tune que j’aime bien passer, c’est ‘chemical food’ – et pour moi c’est ça, le carburant que tu ingère c’est ton carburant à toi, essaye de manger un truc un minimum sain. Je pense que ça fait partie de l’éducation, de faire passer un message

Antoine : Ouai, il y a toujours un message à faire passer. Après de la politique pure, on évite quand même.

Manu : Après je pense que les massives ils entendent des trucs toute la semaine par les différents médias, les journaux, la télé. On leur bourre le crane de merdes, de nouvelles lois, de nouvelles taxes, des trucs qui vont te faire encore plus chier dans la vie de tous les jours. Mais tu vas a un sound system le samedi soir, t’oublies tout. Parce que humainement on est tous au même niveau, et on vient tous ici pour s’amuser, pour oublier notre semaine de boulot, on prend du plaisir tous ensemble. Et le dimanche matin, quand on se réveille on dira « bon bin j’ai pris un maximum de vibes dans les dents, dans la tête, dans le cœur, et je suis reparti, j’ai rechargé les batteries ».

Charly : Après, je ne veux pas partir dans le truc mystique, mais logiquement quand t’es dans un sound system, t’es là à dire « je vous propose ça – que vous allez peut être connaitre », ou « je vous propose ça c’est une surprise, que vous allez peut être apprécier ou pas ». Et les massives, ils se disent « je reçois, c’est énorme le sound system ». Mais il faut savoir que nous on re-reçoit cent fois, mille fois plus. Il y a des vibes qui passent, et nous on se recharge presque encore plus. Eux ils ont l’impression d’avoir le son fort et de recevoir beaucoup ; mais nous on reçoit aussi énormément, et c’est un échange comme ça – que ça soit dans le regard… dans la vibes quoi

Manu : et elle est tellement bonne qu’on ne va pas la quitter avant un bon moment

 

Un grand merci à Bass Explorer pour l’organisation, et à tout les sounds systems présents pour cette première édition du festival South Bass Attack.

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Cultural Bass Radio Show – tous les mardi 9-11pm sur Radio Fly Foot Selecta

AF

Chronique: South Bass Attack Festival

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Organisé par l’équipe du Bass Explorer Sound System et l’association Musique 4 All, il faut dire que la programmation était alléchante : 7 sounds systems pour 48 heure de musique non-stop. Le principe est simple : une arène composée de 6 sounds qui jouent de 10h du matin, pour le reste de la journée, et jusqu’à 4h du matin; puis une sono qui prend la relève pendant les 6h restantes– pour du reggae et des bonnes vibes en continue.

A peine arrivé, on croise les têtes connus des activistes reggae du sud et autres aficionados, et la session commence donc dans une ambiance bien familiale. De plus, Il n’a pas fallu longtemps pour se rendre compte de la qualité du site. Situé entre Saint-Marcel-Les-Sauzet et Montélimar, la féria a rempli tout les critères. L’arène trônant au milieu, avec l’espace chill-out aux airs de Zion Garden et les stands buvettes et barbecue de chaque côté – un aspect idyllique, le tout entouré d’arbres, d’ombre, et de verdure.

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(Site du South Bass Attack – photo: After All)

Le premier soir, chaque sound jouant 30 minutes chacun, les sélections ont vite pris du niveau. Les Jumping Lion ont tout de suite montré leurs talents de collectionneurs,  tandis que les Lion King Dub ont ouvert leur caisse de dubplates pour notre plus grand plaisir. After All, accompagné de la talentueuse MC Pitch-up, a délivré une sélection digital à souhait; et Roots Powa et les cuivres de Fayalite Horns ont partagés leurs message conscient à coup de roots puissant.  Les Welders HiFi ainsi que Bass Explorer nous ont aussi fait découvrir leurs productions faites maison, et le Dub Fi Dub final a probablement été ressenti jusqu’à Montélimar

Pour le reste de la soirée, l’équipe du Natural Warrior a pris le relais dans une ambiance festive, l’occasion pour ceux qui en voulaient encore de skanker jusqu’au petit matin.

Le seul bémol du week-end fut la pluie, qui vint se joindre à la fête durant la journée de dimanche. Mais elle n’a pas fait peur aux massives qui sont restés – quoiqu’un peu moins nombreux mais tout aussi motivés– pour cette deuxième partie.

En somme, ce festival a été une belle réussite. De plus, après quelques années où la scène sound system aura été marquée par des festivals toujours de plus en plus grands (tels que le UNOD, Dub Camp, Outlook, Rototom…), il fait grand plaisir de retrouver un festival comme le South Bass Attack où la convivialité est le mot d’ordre. Malgré le fait qu’il n’y ait pas eu de « grand » noms, les invités représentaient tous la nouvelle génération de sound systems, nés aux alentours des années 2010; et qui sont très souvent ignorés dans les festivals de l’envergure du Dub Camp, du Rototom ou de l’UNOD.

Ces festivals souvent ne permettent pas l’interaction et l’échange qui a lieu dans des événements plus petit – et qui au final sont au centre de l’idéal du sound system : que tout le monde soit au même niveau, écoute la même musique, et partage les mêmes vibes. Il n’est pas possible au Rototom ou au Garance par exemple de se pencher vers la control tower et demander le titre de la chanson qui vient de passer, ou même ne serait-ce que féliciter ou serrer la main aux selectas.

Le grands festival permettent de faire venir des légendes,  mais les plus petits permettent un retour à l’esprit moderne du sound system et du reggae : où le clash a été abandonné en faveur de l’échange et la coopération.

Enfin bon, tout cela pour dire qu’on attend très impatiemment une deuxième édition !

The Story of Rototom – Episode 1

By now, most people have heard of the Rototom Sunsplash. Considered today as one of the biggest European reggae festivals, it brings reggae lovers from all over the world to the sun-filled beaches of Benicassim.
But until 2009, Rototom was held in Osoppo, Italy, and has grown from being a small nightclub promoting ‘alternative’ music into the world world famous reggae festival it is today.

In order to celebrate its 20th anniversary,  this 8 part series explores the festival’s history; from it’s Italian roots in the early 90s to its new Spanish home in late 00s.

Episode 1 looks at the prologue: the Rototom Nightclub which was set up in 1991 in order to host and promote alternative music – from rock, punk, hip hop to reggae –  and the first edition of the Festival held in 1993. Blending memories from the organisers and personal anecdotes from artists and friends, it shows us how these people created a cultural and musical hub in a small village of northern Italy.

MORE THAN TWENTY
A film in 8 episodes 1991-2014

Directed by: Tommaso D’Elia, Silvia Bonanni
Language: Italian
Subtitles: Italian, English, Spanish, French

Rototom Sunsplash Festival
August 16th-23rd

After All sound system @ YAPTLM

Reportage video sur After All sound system lors de l’édition 2013 du (très réussi) festival Y’en Aura Pour Tout Le Monde, avec une petite Interview des membres d’After All sound sur leurs débuts ainsi que sur leur collaboration avec le festival.
Featuring: After All crew, Marina P, Riddim Tuffa, Artikal Sound, S’Kaya & more

Realisation: Quentin Spinosa “Spinosa Production”